#114 Inspiré par notre chère Milk

Ils ont tout deux compris que la marche du jour n'était en rien salvatrice. Les premières lueures du soleil, dans la chambre à coucher, les assomme et déjà le goutte à goutte des minutes s'actionne.

Les heures coulent trop vite vers cette nuit qu'ils savent d'avance trop courte.

Il reste seize heures à vivre avant le cruel lundi. Une angoisse par heure. Et la même pesanteur du dimanche. Chacun ensemble, seul. Perdus dans leurs propres terreurs. Chaque amant fuit le regard de son aimé. Ne pas ajouter à la tristesse de l'autre. Surtout.

Les sourires ont ce je-ne-sais-quoi de fragile, d'instable. Et à force de vouloir trop profiter de cette dernière journée de chaleur, à force de vouloir s'imprégner de l'autre une dernière fois avant...tout est fait mais à distance. Les corps se touchent cependant les esprits sont  loin.

Ils sont sur le quai d'une gare, ils sont dans un train qui s'en va, ils sont à l'autre bout du fil.

Comme d'habitude.

Ce même film chaque dimanche.

Et puis non, finalement.

Refaire l'histoire.

Les mêmes personnages. La même ville.

Cette fois, de nouveaux sourires.

Et le soleil qui baigne la chambre fait place à un jour plein d'espoir. Les projets se bousculent à mesure que les amants traversent la ville. Et sous leurs pieds, des feuilles, de la pluie, du bitume ou de la terre et dans leur tête, du désir, de l'envie, des rires et de l'avenir.

Et la perspective de demain n'existe plus comme un couperet.

L'angoisse, les larmes retenues, le manque attendront lundi matin, le réveil et la dernière douche à deux.

Et dimanche le souffle se fait haletant.

Plus pour retenir des larmes mais entre deux baisers.

Oh oui!

Lundi attendra.