#46 Clotures et autres liens

Pourtant rien de tout cela n'est réel. Ca sur ma peau, mouillé, blanc, sa sueur sur le canapé. Les mains qui se tordent. J'attrappe au vol des bouts de rien. Je note, je capture pour rendre ça un peu plus vrai. Pourtant rien n'est réel. Une fois montée dans le train, direction Reality Square, aucun doute n'est possibe. Une demi heure, c'est le temps qu'on met pour rentrer à Reality Square. C'est marrant comme décor, odeur de pisse et chaises trouées. Exactement comme ton coeur dans dix jours, c'est ce que je me dis.
Reality Square, c'est pas si laid, c'est juste trop loin de là où tu m'emmènes chanter, rire et puis jouir. Les trois à la fois.

Il nous restera quoi après mon départ? Où nous retrouverons nous. Il n'y aura jamais de place,nulle part, ni de temps pour nous.
On est pas sur une île, on est pas au paradis, et ce sera pas l'enfer.

Ce sera rien, c'est rien, c'était déjà rien quand ça a commencé.
C'est ce qui défini le mieux les choses qui n'ont pas la place pour exister, à côté de Réality Square, il y a nous, mais on en perd le chemin, on y est, bientôt on y sera plus. On voudra y retourner, mais il n'y aura plus moyen, on s'en souviendra. Mais plus jamais on ira, et puis on finira par se dire que tout cela n'a jamais existé.

Que ce n'était pas si bien, si bon, si fort, qu'on ne s'est jamais tenu par le coeur, que les mots échangés n'étaient qu'une habitude, non ça n'a pas existé, parce que ça n'aurait jamais dû.

Il manque juste de la place pour nous.
Nous, c'est creux et vide de sens.

Evidemment, dire ça après son sourire provoqué par le mien, son étonnement, sa gratitude,

c'est creux, ça n'a pas de sens.

Non plus.