#101 La note que j'écris depuis trois semaines sans en être satisfaite

Si je meurs demain,

j'aurai enfin donné mes lettres d'amour à quelqu'un. Si je meurs demain j'aurai pissé dans ma culotte plus d'une fois à force de rire. Si je meurs demain j'aurai trouvé mes endroits rien qu'à moi et à eux, il y aura eu Le Marin, Fort de France, Montparnasse, Nation et puis La Seine. Si je meurs demain j'aurai pleuré seule, au téléphone, dans des bras aimants, devant des yeux qui ne comprennent pas et puis j'aurai arrêté. Si je meurs demain il y aura eu du sexe et de la tendresse dans les bois, dans la neige, dans la douche etc... Si je meurs demain, j'aurai appris à cesser de jouer les dures. Si je meurs demain, je l'aurai rencontré cet amour dont on parle dans les livres. Si je meurs demain j'aurai toujours eu ma soeur à mes côtés, quoi qu'il arrive, quoi qu'on se dise. Si je meurs demain j'aurai parlé d'avoir des enfants, avec quelqu'un pour de vrai sans trop en rire. Si je meurs demain j'aurai entendu des jolies choses sur mes mots et aussi sur mes silences. Si je meurs demain j'aurai aimé après m'être ratatiné la gueule sur des amours impossibles. Si je meurs demain je me serai donnée corps et âme à des gens qui en valaient la peine. Si je meurs demain j'aurai dit pardon, et j'aurai eu raison. Si je meurs demain j'aurai fait l'amour, baisé, couché, sexé tout ça à la fois avec une personne magique et j'en aurai ri, pleuré, crié, parfois tout ça dans la même demi heure.

Et puis j'aurai cessé de mentir aux meilleurs et j'aurai été moi.

Vraiment.